Michel Motré
Inspecteur d’académie,
inspecteur pédagogique régional
des arts platiques
(1) Il existe plusieurs associations «Terre de Sienne» à Marseille. Celle dont il s’agit ici a été créée à l’initiative d’enseignants du collège Saint-Mauront.
Assemblage. L’énoncé de ce terme nous situe d’emblée dans l’univers de la construction, celui où des éléments hétérogènes, sont agencés de manière à constituer un tout cohérent qui s’exprime plus généralement en volume. On parle ainsi d’assemblage pour un meuble, un système mécanique - un moteur par exemple - un ordinateur, un vêtement, mais aussi pour un vin ou une composition culinaire.
Le catalogue
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C’est dans les arts plastiques du XXe siècle qu’apparaît le mot. Assemblage désigne un principe caractéristique de la Modernité qui, en introduisant des éléments de réalité, rompt avec l’art comme forme de représentation utilisant un matériau homogène pour faire œuvre: la peinture à l’huile pour le tableau, le bois, la pierre ou le bronze pour la sculpture. Ainsi associe-t-on assemblage aux collages et aux constructions cubistes, à commencer par Nature morte à la chaise cannée (1912) de Pablo Picasso et un peu plus tard à Bouteille et verre (1918) d’Henri Laurens, aux œuvres de l’avant-garde constructiviste, au Merz de Kurt Schwittersou encore à l’exposition du Musée d’Art Moderne de New York de 1961 «The Art of Assemblage» qui fait le lien entre les œuvres historiques et les aventures contemporaines issues de l’expressionnisme abstrait et initiées par le Pop’Art. Dans ses tableaux Néo-Dada, Robert Rauschenberg intègre à la toile ou sur des panneaux de contreplaqué comme dans Charlène (1954) des objets hétéroclites et parfois même des objets de rebut.
Assemblage peut être aussi un titre d’œuvre: Assemblage Jumelé (1977) sculpture de Bernard Pages ou les différentes réalisations Assemblage de paquets de Gauloises Bleues (1977 et 1978) de Pierre Buragklio, tapis constitués de vieux papiers d’emballages de cigarettes froissés à la fois espace support, espace de couleur, de matière et champ pictural libre.
L’assemblage en tant que process de production rend une signification symbolique à des objets ou images, entiers ou non, qui sont organisés sur le plan (collages, montages, photomontages) ou en volume (objet, construction, installation).
Kurt Schwitters définit son travail comme une tentative de «donner forme» à des matériaux insignifiants. L’assemblage en est le principe qui à partir de fragments d’un univers matériel, utilitaire ou iconique désarticulé, réduits à l’état d’éléments premiers (comme des matières premières) fonde une perception recomposée qui fait sens.
Michel MOTRÉ
Avril 2005